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BERNARD SALOMON, La Metamorphose d’Ovide figuree, a Lyon, par Ian de Tournes

 

MIRRHE SE VEUT PENDRE

Mirrhe amoureuse incestueusement

De ce lui là qui l’avoit engendree,

Pendre se veut tresiniserablement

De sa ceinture à ce fuit preparee,

Au lieu de corde à son col desiree,

Pour n’acomplir son detestable vice 

Mais y suruine (qui tot la retiree

De ce danger) sa piteuse Nourrice.

 

MIRRHE AVEC SON PERE

Mirrhe est conduite en la noire nuitee :

Par sa nourrice au lit du Roy son pere :

Sa fole ardeure el n’a point evitee

La malheureuse aymant son vitupere :

Son piè chopa, sine tresmal prospere :

Trois fois chanta le funeral oiseau :

Mais ne laissa d’entrer en sa misere

La miserable en ord peché nouveau.

 

MIRRHE EN ARBRE

Par una nuit connut le Roy Cinire

Mirrhe sa fille estre avec lui couchee :

Dequay dolent, tot la voulut occire,

Blamant ce fuit de l’avoir atouchee.

Elle s’estant de ses main arrachee

S’enfuit bien loin : en fin muee en arbre

D’effous l’escorce est d’un fils acouchee

Beau, blanc, poli ainsi comme blanc marbre.