1557
BERNARD SALOMON, La Metamorphose d’Ovide figuree, a Lyon, par Ian de Tournes
MIRRHE SE VEUT PENDRE
Mirrhe amoureuse incestueusement
De ce lui là qui l’avoit engendree,
Pendre se veut tresiniserablement
De sa ceinture à ce fuit preparee,
Au lieu de corde à son col desiree,
Pour n’acomplir son detestable vice
Mais y suruine (qui tot la retiree
De ce danger) sa piteuse Nourrice.
MIRRHE AVEC SON PERE
Mirrhe est conduite en la noire nuitee :
Par sa nourrice au lit du Roy son pere :
Sa fole ardeure el n’a point evitee
La malheureuse aymant son vitupere :
Son piè chopa, sine tresmal prospere :
Trois fois chanta le funeral oiseau :
Mais ne laissa d’entrer en sa misere
La miserable en ord peché nouveau.
MIRRHE EN ARBRE
Par una nuit connut le Roy Cinire
Mirrhe sa fille estre avec lui couchee :
Dequay dolent, tot la voulut occire,
Blamant ce fuit de l’avoir atouchee.
Elle s’estant de ses main arrachee
S’enfuit bien loin : en fin muee en arbre
D’effous l’escorce est d’un fils acouchee
Beau, blanc, poli ainsi comme blanc marbre.