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1400 ca.

CHRISTINE DE PIZAN, Epistre d’Othea, Cap. 64

Edizione critica a cura di Parussa G., Genève 1999, pp.289-290

 

Texte

Ne te vantes, car mal en prist

A Yragnes qui tant mesprist

Que contre Pallas se vanta,

Dont la deesse l’enchanta

 

Glose

Yragnes, ce dit une fable, fu une damoiselle moult soubtive en l’art de tissir et de fillerie, mais trop se oultrecuida de son savoir, et de fait se vanta contre Pallas, dont la deesse s’aÿra contre elle si que pour ycelle vantance la mua in yraigne et dist: «Puis que tant te vantes de filer et tyssir, a tous jours mais filleras et tristras ouvrage de nulle value». et tres dont vindrent les yragnes qui ancore ne cessent de filer y tyssire. Si pot estre que aucune se vanta contre sa maistresse, dont mal lui en prist en aucune maniere. Pour ce dit au bon chevalier que vanter ne se doit, comme ce soit moult laide chose a chevalier estre vanteur et qui trop peut abaissier le loz de sa bonté. Et semblement dit Platon: «Quant tu feras une chose mielx que un autre, gard ne t’en vanter, ca ta valeur en seroit trop mendre».

 

Allegorie

Que il ne se doit vanter pouons dire que le bon esperit se gard de vantise, car contre vantance dit Saint Augustin ou XII livre de la Cité de Dieu que vantance n’est pas vice de louange humaine, mais est vice de l’ame perverse qui aime la louange humaine et despite la vraye tesmoignance de sa propre conscience. A ce propos dit le sage: «Quid profuit nobis superbia aut diviciarum jactancia quid contulit nobis?». sapiencie V° capitulo.