1400 ca.
CHRISTINE DE PIZAN, Epistre Othea, 56
Traduzione da: Christine de Pizan, Epistre Othea, edition critique par G. Parussa, librairie Droz, Genève 1999
Texte
Se amour t’acoursust la nuit,
Gardes que Phebus ne te nuit,
Par quoy tu puisses estre pris
Es liens Vulcanus et surpris
Glose
Dit une fable que Mars et Venus se amoient par amours. Avint une nuit que les amans bras a bras furent endormis; Phemus, qui cler voit, les surprist et apperceut, a Vulcanus, le mari Venus, les accusa. Adonit lui, qui en ce point les vid, forgia uns liens et unes chayennes d’arain et tous les lia ensemble, si que mouvoir ne se povoient, si comme cellui qui est fevre des cieulx et soubtilment scet ouvrer; et ainsi les surprist et puis ala querre les autres dieux et leur monstra sa honte. Et dit la fable que tel s’en rioit qui bien voulsist en semblable mesfait estre encheut. A ceste fable pevent estre mises diverses exposicions, et peut moult souverainement toucher aucuns poins s’arquemie a ceulx qui soubtivement le scevent entendre. Mais a nostre propos veult dire que le bon chevalier e doit garder que en tel cas ne soit surpris par oubli. Et dit un sage: “A peine est il chose si secrete que d’aucun ne soit apperceve”.
Allegorie
La ou l’auctorité dit: “Se Amours t’acoursist la nuit”, nous dirons que le bon esperit se doit garder des agais de l’ennemi. De ce ci dit saint Leon pape (c) que l’ancien ennemi, qui se transfigure em age de lumiere, ne cesse de tendre par tout les las de ses temptacions et de espier comment il puisse corrompre la foy des creans. Il regarde qui il embrasera du feu de couvoitise, qui il enflambera de l’ardeur de luxure, a qui il proposera les alechemens de gloutonnie; il examine de toutes les costumes, discute des cuers, conjecture les affecions, et la quiert il cause de nuire ou il treuve la creature plus encline et legiere et occupee. Pour ce dit saint Pierre: “Sobrii estote et vigilate, quia adversarius vester dyabolus tamquam leo rugiens circuit querens quem devoret”. Secunde Patri ultimo capitulo.
